Chaque hiver, pas moins de quatre épidémies différentes d’infections respiratoires (grippe, COVID-19, VRS et pneumocoque) circulent en Belgique, sans parler de plusieurs virus du rhume. « La vaccination vous permet de mieux vous en prémunir et de contribuer à alléger la pression sur les soins de santé », explique le prof. dr Marc Van Ranst, biologiste clinique et virologue à l’UZ Leuven.
Prof. dr Marc Van Ranst, biologiste clinique et virologue à l’UZ Leuven.
À quoi vous attendez-vous pour cet hiver ?
« Après les premiers jours de froid, on observe toujours une recrudescence du VRS (virus respiratoire syncytial), un virus très contagieux qui affecte le nez et la gorge. La fréquence diminue aux alentours des vacances d’automne, avant de remonter en flèche pour atteindre un pic à la période de Noël. Après le Nouvel An, on relève habituellement un petit sursaut, essentiellement attribué aux personnes âgées infectées par leurs (arrière-)(petits-)enfants venus leur rendre visite. Avec l’avènement des tests de dépistage, nous savons aujourd’hui que le VRS est bien plus fréquent chez les personnes âgées qu’on ne le pensait. »
« La grippe est moins ponctuelle. Il arrive que la vague déferle déjà avant la fin de l’année et le Nouvel An en sera essentiellement un catalyseur. Certaines années, la grippe n’atteint toutefois son apogée qu’après le Nouvel An.»
« Pendant ce temps, le COVID-19 revient peu à peu sur le devant de la scène. Heureusement, grâce à une bonne couverture vaccinale en Belgique, nous comptabilisons encore relativement peu de personnes hospitalisées, mais grâce à l’analyse des eaux usées,1 nous savons que le COVID-19 circule rapidement. Il est désormais possible de se faire vacciner contre le COVID-19 par les pharmaciens qui, comme dans bien d’autres pays, font cela tout aussi bien que les médecins généralistes, dont la charge de travail se voit ainsi allégée. »
« En ce qui concerne les pneumocoques et les pneumonies qui y sont associées, nous nous attendons à une vague normale. Les personnes âgées, tout particulièrement, peuvent en mourir2. On pense moins souvent à la vaccination contre les maladies à pneumocoques. Elle peut cependant s’avérer très utile. »
Quel est le risque de voir ces vagues se chevaucher ?
« Toutes ces maladies suivent leur propre voie. Toutefois, lorsque l’on est confronté à plusieurs infections en même temps, elles peuvent se renforcer. Par exemple, les pneumocoques peuvent facilement tirer profit des lésions causées par un virus, comme le COVID-19 par exemple, et induire davantage de complications. Les tests de dépistage de plus en plus utilisés au cours des dernières années nous ont appris que ces infections doubles, voire triples, sont bien plus fréquentes qu’on ne le pensait. Et ce sont ces patients qui doivent être hospitalisés. »
Quelle est la valeur ajoutée de la vaccination ?
« La prévention par la vaccination est toujours meilleure, plus efficace et moins coûteuse que l’administration de soins aux personnes déjà infectées. En raison de l’énorme charge de travail et de la pénurie de personnel des soins de santé, en vous faisant vacciner, vous vous rendez un grand service à vous-même, mais aussi à la société. Les groupes à risque pour lesquels la vaccination est recommandée sont plus ou moins les mêmes pour toutes les infections respiratoires : les personnes âgées de plus de 65 ans et les personnes présentant des comorbidités et/ou un système immunitaire affaibli. Par ailleurs, il va de soi que les règles de base restent importantes : se laver les mains régulièrement, garder ses distances, porter un masque en cas de symptômes, etc. »
Les vaccins actuels contre le coronavirus offrent-ils une protection suffisante contre les nouveaux variants ?
« Les virus à ARN continueront à muter, mais il n’y a pas lieu de s’en inquiéter. Que les gens se rassurent : les vaccins actuels protègent contre les variants les plus répandus aujourd’hui, comme c’est notamment le cas pour les vaccins antigrippaux. En formulant des vaccins au spectre le plus large possible, on veille à ce qu’ils soient toujours efficaces, même si de nouveaux variants devaient survenir. »
Que se passerait-il si des personnes à risque devaient tout de même contracter le COVID-19 ?
« Nous disposons de plusieurs traitements, dont les antiviraux qui, à mon avis, ne sont pas assez utilisés en Belgique. Pour nous, virologues, il est tout à fait incompréhensible que cela puisse se faire à grande échelle en Allemagne, par exemple, mais pas dans notre pays. Nous pourrions ainsi réduire considérablement la morbidité. »
231170 – Octobre 2023